Attirée par le beau, le drôle et l’original, Emmanuelle Varron se présente comme une « communicationneuse », preuve de son talent pour attirer l’attention et imposer son message.
Du lundi au dimanche, c’est pour le compte du service presse de la Ligue Nationale de Rugby qu’Emmanuelle roule. Avec le rugby pro comme terrain professionnel, elle prouve que la femme peut se faire une place dans un monde prétendument masculin. Pour les cigares c’est pareil, Emmanuelle raffûte les clichés et aime faire place aux expériences quelle qualifie d’ « ultra qualitative ». Forcément, on s’interroge… Quelle fumeuse es-tu Emmanuelle ?
Assez irrégulière. Je peux passer plusieurs mois sans cigare, puis en fumer régulièrement pendant plusieurs semaines d’affilée. Cela dépend de mon emploi du temps et de mon humeur : je suis incapable de fumer en pleine rue, à la va-vite et l’esprit ailleurs. C’est pour moi avant tout une démarche de zénitude. J’ai besoin de me poser, d’être dans un endroit plein de bonnes ondes et de le savourer. Voilà pourquoi, avec la vie que je mène, ce n’est pas toujours simple de répondre à ce « cahier des charges ». J’ai, au tout début, fumé plus par automatisme que par envie. Et je me suis aperçue que non seulement je n’en retirais aucun plaisir, mais que cela pouvait même me rendre malade. J’ai des amis qui fument dès le petit déjeuner. Pour moi, c’est absolument impossible. Et, tout comme je ne peux pas boire un verre d’alcool dans mon coin, je ne peux fumer un cigare toute seule. J’ai besoin d’être entourée.
Sinon, je peux fumer sans aucun accompagnement, ou avec un thé fumé type Lapsang Souchong ou encore un alcool un peu fort, un cognac par exemple. Et si je devais définir mon moment cigare idéal, ce serait sur une terrasse, au coucher de soleil, les doigts de pieds en éventail, entourée d’amis pas forcément fumeurs, et accompagné d’un mojito bien rhumé…
As-tu des modules préférés ?
Oui, mais je suis assez maudite car dès que je m’attache, soit il disparait de la circulation, soit sa qualité baisse. J’étais une grande fan des Romeo y Julieta de Luxe n°1, mes tous premiers, mais impossible d’en trouver en France. J’ai également adoré le Punch Punch, mais sa qualité a sacrément baissé. J’ai eu la possibilité d’acheter plusieurs Behike 52 et d’en profiter pendant longtemps ; c’est l’un de mes modules favoris. Mais le « must », cela reste pour moi le Rocky Patel Vintage 1990. Hélas, que c’est dur d’en trouver à un prix raisonnable !
Quand as-tu fumé ton premier cigare ?
C’est drôle, cela va faire pile 10 ans en 2017 ! C’est une amie avocate et très grande amatrice qui m’a initiée. Une femme avec beaucoup de goût, qui m’a permis de découvrir le cigare dans les meilleures conditions possibles, avec des modules fabuleux et des alcools rares pour les accompagner. Comme je ne suis pas fumeuse à la base, j’ai donc eu une approche très esthétique et qualitative du cigare. C’est cela qui m’a convertie car à l’origine, j’avais plutôt une mauvaise image de ses fumeurs, souvenirs de matches du Tournoi où mes voisins m’enfumaient durant toute la rencontre avec leur modules XXL.
Comment puis-je être sûre que cela fait bien dix ans ? C’était quelques mois avant l’interdiction de fumer dans les bars. Je me souviens avoir dégainé un beau Montecristo le 31 décembre 2007 dans mon bar préféré de Perpignan (c’est là que je vivais à l’époque), et d’avoir dérangé un bon nombre de fumeurs qui, finalement, sont allé finir leur cigarette dehors en râlant…
Ton anecdote « cigare » préférée ?
C’était à Nantes, au printemps 2013. J’y étais plusieurs jours pour le travail. C’était presque la fin de la saison, donc la pression était à son sommet mais plus pour très longtemps. J’étais d’humeur à fumer quelques bons cigares durant mon séjour mais, partie un peu vite, j’avais oublié les miens à la maison. Un ami m’avait indiqué l’adresse de la Civette du Palais. Sauf que mon hôtel n’était pas à côté et, surtout, mon emploi du temps m’empêchait d’y passer. J’ai donc appelé le propriétaire, M. Le Neures, qui était un peu surpris mais plutôt ravi qu’une femme lui commande quelques cigares. Comme il n’avait pas forcément tout ce que je lui demandais, je l’ai laissé me proposer des modules qui me correspondaient. Il m’a livré mes trois cigares à l’hôtel, dans une jolie boîte avec un très gentil mot. Et je me suis délectée de ses choix lors de la soirée de clôture que nous avions organisée dans un bar. J’ai fumé sur un roof-top, la nuit tombée, avec de merveilleux mojitos pour accompagnement ! Le bonheur, quoi…
En off, tu m’as parlé « d’expérience ultra-qualitative » avec les cigares. Qu’est-ce donc ?
Comme j’ai besoin d’un certain décorum et surtout d’être dans de bonnes dispositions, mon rapport avec le cigare sort forcément du quotidien. Voilà pourquoi je n’hésite pas à mettre le prix dans les modules que je vais déguster, et à les savourer dans des lieux bien choisis, avec des mets ou des alcools d’excellente qualité. Luxe, calme et volupté, cela résume bien ma relation avec le cigare ; je vis d’ailleurs la même avec le parfum, qui est l’une de mes grandes passions.
En tant que femme, qu’évoque le cigare pour toi ?
Je ne suis sans doute pas la plus grande spécialiste en la matière, loin de là, mais je revendique le plaisir de fumer le cigare à une époque où l’on tend vers une uniformisation des goûts, des couleurs, et des passions. Je l’ai beaucoup détesté avant de m’y attacher et je regrette simplement de ne pas pouvoir consacrer plus temps à mieux connaître les différents modules pour m’aventurer vers des cigares encore inconnus. C’est l’une de mes résolutions pour l’année 2017.