Escale à Navarrenx, haut lieu du cigare français.
Les remparts médiévaux de la cité de Navarrenx surplombent le gave d’Oloron. Et un plongeon dans ce dernier ne serait pas de trop pour supporter la chaleur qui frappe le Béarn en ce milieu du mois d’août.
Pour m’y rendre depuis Sauveterre de Béarn où je passe quelques jours, j’ai traversé la commune répondant au doux nom de Moumour, sur le territoire de laquelle on repère très bien des plans de tabac caractéristiques avec leur fleur dépassant d’une tête. Ce sont ceux qui servent à la fabrication des cigares Navarre, je cite : « Le seul cigare français de luxe fabriqué avec du tabac 100% français ». Visite obligatoire pour un assidu du CSC, même s’il est moyennement fan d’Arnaud Montebourg.
La maison du cigare, place des Casernes, est très rapide à visiter. Elle comprend quelques éléments de promotion de l’initiative de reprise en 2010 de cette ancienne fabrique en faillite par Thierry Frontère, entrepreneur de presse, béarnais, fraîchement retiré des affaires -croyait-il. Pour ce qui est des affaires, parlons-en : je m’y suis rendu en pleine fête annuelle de Navarrenx, et nous n’étions pourtant que deux dans la boutique, un Anglois égaré et moi. Anglois que j’ai fait rigoler en lui disant « Alone in the shop in the middle of August ? I guess Mr Frontère would reply to the question « How do you make a small fortune ? », by saying “You invest a big one in a French cigar manufacture ». Mais il paraît qu’il exporte et que le contrat de distribution avec Altadis fonctionne bien. C’est tout ce que l’on souhaite à l’initiative ; respect pour les entrepreneurs.
La maison comprend surtout des planches pédagogiques ultra lisibles et des videos (très intéressantes) pour un amateur ne s’étant jamais vraiment posé la question du cycle plantation/récolte/transformation/roulage/commercialisation. Elle est ouverte du lundi au samedi mais surtout, allez-y dans les horaires de production (vérifiez sur le site internet, il y a des subtilités de pause et de samedis de vacances scolaires) pour regarder les torcedoras cubaines exécuter la liga (fabrication) en confectionnant la tripe puis en posant la cape : c’est bien le côté le plus intéressant de la visite et le geste artisanal précis est très impressionnant.
Je fais le tour en 20 minutes, suis convaincu par les explications. Un petit tour par la boutique et deux boîtes de Porthos (Grand Robusto) et d’Aramis (Robusto) plus tard, me voilà paré pour « vivre cette expérience unique » que l’on me promet. Pas eu le courage d’acheter un D’Artagnan (Double Corona).
Je vous vois venir : à ce stade vous êtes impatients de savoir si c’est bon. Eh bien je ne vous fais pas plus attendre : sur la base de 3 tests de chacun des deux modules achetés, je dirais pas mal mais moins bon que mes cubains favoris. Pourquoi ? Je ne suis pas assez expert pour jargonner comme un vrai connoisseur. Je signalerais une certaine âpreté à la moitié du module, quelques problèmes de tirage (pourtant testé en cours de fabrication).
Une expérience française qui rappelle les dégustations du vin local de lieux de villégiature détendus que vous avez super eu envie de goûter et que vous avez apprécié sur place. Vous en avez rapporté une caisse de vos vacances, et elle traîne toujours dans votre cave parce que rentré à la maison, il vous fait beaucoup moins envie. Mais une expérience à vivre et soutenir, c’est quand même intéressant, pas mauvais et c’est FRANÇAIS \O/ !
Pour ceux d’entre vous qui veulent tester, je vous en apporte au prochain CSC ;).
Jérôme DEDEYAN – @JeromeDedeyan