Vega Fina by Seijas 2011 – Le test de @Tecoub

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  • Musique : Jazz, rock, électro, classique, …
  • Lieu : Variables (terrasses, fumoirs, dans la rue…)
  • Conditions : Allumette ou briquet torche — Conditions variables — Coupe à la guillotine.
  • Accompagnement : Téquila añejo, calva, whisky, rhum, chartreuse, vin, eau, thé …

Je traitais la dernière fois d’un cigare cherchant à atteindre la perfection, effleurer le sublime, caresser l’excellence…
Pour louable qu’il soit, ce but doit il obséder les êtres humains que nous sommes ?

Après tout, ne pouvons nous pas aimer le Cheval Blanc 2005 et le rhum Plantation ? Ne pouvons nous pas aimer des huîtres gratinées au champagne et un T-Bone gorgé de sauce BBQ ? Ne pouvons nous pas aimer Morrissey et ZZTop ?

D’aucuns foutriquets osent le penser, et si le cercle des amateurs de cigare -comme tout cercle- a ses chapelles (Dominicains ou Cubains, Robusto ou Double Co, Guillotine ou Emporte-pièce…), au CSC nous faisons fi de cet onanisme intellectuel pour nous concentrer sur le plaisir que nous apporte le cigare que nous fumons.

Je l’ai déjà écris, il y a des cigares qui subliment un instant I, mais quid des instants « normaux », où l’on n’a rien de particulier à fêter ? Où l’on a juste envie de fumer un cigare comme -sacrilège- on peut avoir envie de fumer une clope.

En effet, il y a les « cigarillos », mais bon, ils sont loin d’avoir la prestance ni la noblesse d’un cigare, sans parler du goût. Il y a certes ce qu’on nomme pudiquement les « petits modules » (d’ailleurs, le petit Divinos de Cuaba est digne d’intérêt, au même titre qu’un Small Club de Ramon Allones), mais là encore, le compte n’y est pas, il y a un « goût de trop peu ».

Heureusement, Vega Fina nous propose pour un prix modique (moins cher que le Cuaba ou le Ramon pré-cités) son « c). Avec ces 12 centimètres de long pour environ 2,3 de diamètre, ce module joue clairement dans la cour des Robustos.

Mélange d’une cape mexicaine (« pour un goût épicé » selon José Seijas) et d’un corps dominicain, le cigare est, avouons le, à des années lumières des productions de Davidoff, et ce malgré une volonté affichée de proposer ici un cigare « haut-de-gamme ».

Mais pour 7,90€ (au Drugstore Publicis à Paris), ne boudons pas notre plaisir !

Toujours allumé à l’allumette longue, le foyer est bien homogène, même si, attention, il y a parfois des surprises -pour une voiture italienne on parlerait de « caractère »- à l’allumage (un côté se consumant plus rapidement que l’autre). Attention également, ce cigare a tendance à vite « chauffer »…

Toujours est-il qu’une fois (bien) allumé, ce cigare n’a plus besoin de voir une flamme. J’ai dû en rallumer 2 ou 3 sur la cinquantaine que j’ai fumé. La fumée est voluptueuse et abondante, tout en étant suffisamment aérienne pour facilement se dissiper.

Progressif, ce cigare laisse deviner des touches de poivre qui vont en s’intensifiant, idéal pour rendre les choses intéressantes sans anesthésier les papilles, c’est heureux, cela en fait un bon cigare d’après-midi tout en étant assez complexe pour conclure une soirée.

Il supportera également bien les digestifs sucrés, une excellente occasion pour sortir du triptyque « Scotch-Rhum-Cognac » et s’essayer à de nouvelles expériences…Pourquoi pas un excellent Calva, une Téquila Añejo voir une Chartreuse, soyons fous, c’est le moment !

Malgré ses défauts, ce cigare a quelque chose de spécial pour moi. Son petit prix en fait un des meilleurs rapport qualité/prix du marché, il permet aussi toutes les expérimentations possibles, et tant pis si elles sont infructueuses ! Soyons honnête, ce n’est pas sur un Montecristo ou un Behike qu’on « essaie » des accords spiritueux-cigares, ni qu’on se permet de le fumer « comme ça », un peu en dilettante.

En bref, le Vega Fina by Seijas 2011 est pour moi tout en contradictions, et c’est ça qui le rend intéressant, c’est un des rares cigares qu’on peut se permettre de jeter sans arrières pensées si quelque chose ne va pas (avouons que nous avons tous continué à fumer un cigare à 20€ car on se refusait à admettre qu’un cigare aussi cher puisse être jeter « comme ça », sans cérémonie) ; et en même temps, c’est un cigare subtil et complexe (toutes proportions gardées vu son prix).

En toute objectivité, il ne mérite pas plus de 11/20, mais en toute subjectivité, il décroche le 14 … Non pas pour ce qu’il est intrinsèquement, mais pour ce qu’il permet de faire / tester / découvrir …

« Toutes les grandes découvertes sont faites par ceux qui laissent leurs émotions devancer leurs idées » disait C. H. Parkhurst, ce Vega Fina marque le triomphe de l’émotion sur la raison, et on se doit de le respecter pour ça…

DAMIEN – @Tecoub